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21 octobre 2007

Baptême

Des pratiques diverses

Depuis le début du christianisme, la pratique du baptême a connu des évolutions et fait l'objet de débats. Trois questions principales divisent aujourd'hui les chrétiens.

Les formes. Les églises orientales, la majorité des églises évangéliques ainsi que des dénominations chrétiennes récentes ont gardé la forme originelle de l'immersion : ce geste symbolique fait référence à la mort et à la résurrection de Jésus-Christ et à la vie nouvelle qui en découle pour le croyant, plongé dans l'eau puis remonté de celle-ci en signe de son changement de vie. Les églises catholiques et protestantes privilégient l'aspersion ou l'affusion : l'eau versée sur le candidat se réfère aux rites de purification du peuple d'Israël, aspergé du sang de l'agneau après les sacrifices et à l'Esprit de Dieu promis par les prophètes (Ez 36:25-27) et répandu sur les croyants à  la Pentecôte (Ac 2). . L'usage de formules diverses relève aussi de questions de forme. La plus communément répandue ("au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit") n'est attestée qu'une fois dans le Nouveau Testament (Mt 28:19). Par souci de fidélité aux textes ou à cause de leur rejet du dogme de la Trinité,  certains chrétiens préfèrent utiliser la formule plus simple ("au nom de Jésus") rencontrée à plusieurs reprises dans les Actes des apôtres (Ac 10:24 , 19:1-7).

L'âge et des conditions requises pour recevoir le baptême. Le Nouveau Testament évoque principalement le baptême d'adultes gagnés à la foi nouvelle, mentionnant à quelques reprises leur famille (Ac 10:24, 16:15, 16:33, 18:8). Assez tôt dans l'histoire du christianisme, s'est développée la pratique du baptême des bébés ; cette pratique, dite pédobaptiste, est liée à une compréhension de l'Eglise comme nouvel Israël, reprenant sous une forme renouvelée la pratique de la circoncision qui distinguait les Hébreux comme peuple parmi les peuples (Col 2:11-12). Des églises protestantes pédobaptistes limitent l'accès au baptême aux enfants de familles fidèlement engagées dans la communauté ; d'autres, considérant le baptême comme un signe de l'initiative première de Dieu et de son amour gratuit et inconditionnel pour tous, refusent ces limitations. Dans beaucoup d'églises protestantes, le baptême est dispensé à l'adolescence, au cours ou au terme d'un parcours catéchétique. Pour les églises évangéliques, l'expérience personnelle de la conversion doit précéder le baptême qui en est le témoignage extérieur. Certains chrétiens radicaux, comme les quakers, refusent le rite car seule importe pour eux l'expérience intérieure.

La nature et à l'efficacité du baptême. A un extrême, la position sacramentaliste considère avant tout le baptême comme un don de Dieu. Par souci d'objectivité, plus que par superstition ou par magie, elle regarde le sacrement comme doté d'une efficacité propre, même si le baptisé aura ensuite à faire fructifier le don qu'il a reçu pour vivre pleinement son baptême. A l'autre extrême, certains chrétiens mettent l'accent sur l'engagement subjectif du baptisé. Le baptême est alors avant tout le témoignage de l'adhésion du baptisé à l'Evangile ; on parle ici d'ordonnance pour signifier une obéissance à un acte institué par Jésus. Beaucoup de chrétiens préfèrent parler de signe, faisant du baptême une parole visible qui dit l'amour de Dieu pour les hommes et les femmes proclamé dans l'Evangile.

Au delà de ce faisceau de pratiques et de traditions diverses, un certain nombre de convictions communes réunissent l'ensemble des chrétiens. Même ceux qui ont abandonné la pratique de tout rite extérieur s'accordent sur la réalité représentée par le signe : l'expérience que le chrétien fait de l'amour de Dieu pour lui.

Baptisé au nom de Jésus

Tu es sauvé par la mort et la résurrection de Jésus-Christ

La pratique des premiers chrétiens a été de baptiser au nom de Jésus. Cette pratique souligne que le baptême chrétien fait d’abord référence à la personne de Jésus-Christ. A travers lui nous est redit l’Evangile, à savoir  la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour nous. 

L'eau, du déluge (Gn , 1 Pie 3:20-21) à la sortie d'Egypte (Ex , 1 Co 10:1), est un symbole de jugement et de mort. Cette mort est d’abord celle que Jésus a traversée pour nous et qui témoigne du caractère absolu de son amour. C’est aussi celle que le chrétien est appelé à connaître au jour de sa conversion et au fil de son existence : mort au péché et à sa résistance à l’amour de Dieu (Ro 6:3-11 , Col 2:12). Elle est symboliquement figurée par la plongée dans l’eau, semblable à un ensevelissement.

L’eau est aussi source de vie et de renouveau. Elle témoigne de la résurrection de Jésus et de l’appel que le croyant reçoit de vivre une vie nouvelle. Jésus dans son entretien à Nicodème évoque la rencontre avec lui comme une nouvelle naissance (Jn 3) ; Paul parle quant à lui de résurrection aux croyants de Colosses (Col 3). Le baptême n’est pas cette nouvelle naissance ou cette résurrection mais il la représente symboliquement par la remontée de l’eau.

L'acte symbolique de la plongée dans l'eau évoque aussi la purification ; le judaïsme connaissait des bains rituels ainsi que des baptêmes destinés aux prosélytes. Le baptême conféré par Jean appartenait à cette mouvance. La particularité chrétienne est de lier cette purification à l'oeuvre de Jésus-Christ. De nombreux passages du Nouveau Testament emploient l'image de la purification par l'eau, pour évoquer non pas le baptême mais la réalité qu'il symbolise (Eph 5:26, Tite 3:5, He 10:22). Une autre image, celle du revêtement est associée à la purification (Gal 3:27). Elle souligne qu’un des aspects du salut en Jésus-Christ, c’est l’intime relation qui se tisse entre lui et le croyant.

Le baptême est ainsi tout à la fois un signe du salut donné à celui qui place sa confiance en Jésus et un témoignage de l’expérience vécue par le chrétien.

Baptisé au nom du Père

Tu es appelé à entrer dans l'alliance de Dieu

Lorsqu'il évoque le baptême, Pierre déclare : "ce n'est pas la purification des souillures du corps mais l'engagement envers Dieu d'une bonne conscience" (1 Pie 3:21). En opposant à la matérialité du rite son sens profond, l'auteur fait du baptême le signe d'une alliance entre Dieu et les hommes.

La présentation de Pierre se fonde sur le récit du déluge. En 1 Co 10:1-2, Paul évoque le "baptême en Moïse" des Hébreux lors du passage de la mer des joncs. Récits sévères de jugement pour les uns, ces deux récits célèbrent la délivrance accordée par Dieu à ceux qui se confient en lui. La référence à ces deux images de l'histoire d'Israël en lien avec le baptême précise les contours de l'alliance. Elle est d'abord la manifestation de l'amour de Dieu, renouvelée dans l'histoire des hommes et témoignage de sa fidélité. C'est envers ce Dieu aimant et fidèle que s'engage le baptisé, à la suite des croyants d'Israël et de tous les chrétiens.

S'engager dans cette alliance implique de la part de l’homme de placer sa confiance en la bonté et en la fidélité de Dieu et de se lier à lui par une promesse de fidélité. L’entrée dans l’alliance implique un projet dans la durée. Le don de soi que traduit le baptême n’est pas optionnel pour le chrétien ; il est la condition même de toute vie chrétienne (Ro 12:1-2). Dieu n’est pas dans nos vies à la première place ou à une place de choix ; il souhaite que toute notre vie soit orientée par notre alliance avec lui.

L’image d’un Dieu Père - mais il y a aussi dans la Bible  des images de l’amour maternel de Dieu - souligne que cette alliance est relation d’amour et de confiance et non de peur. Elle est le fruit de l’amour que nous avons reconnu en lui et auquel nous répondons librement (1 Jn 4:7-21). De cet amour découle l’amour des autres.

Loin d’être un terme, le baptême est le signe d’une mise en marche dans la vie chrétienne. Loin d’être un acte ponctuel, il se prolonge à travers toute notre vie.

Baptisé au nom de l’Esprit

Tu as reçu l'Esprit

Le Nouveau Testament mentionne fréquemment l’Esprit de Dieu en relation avec le baptême. Quand Pierre s’interroge sur le bien-fondé du baptême du païen Corneille, il choisit de le faire parce qu’il reconnaît que Corneille porte les mêmes signes que lui de la présence de l’Esprit (Ac 10:47-48). Le mot de baptême est d’ailleurs une des expressions utilisées pour désigner l’œuvre intérieure de l’Esprit. Ce baptême dans l'Esprit ou de l'Esprit est promis par Jean-Baptiste à tous ceux qui viennent recevoir de lui le baptême d'eau.

L'œuvre intérieure accomplie par l'Esprit est décrite selon des modalités diverses par les différents auteurs du Nouveau Testament.

Le livre des Actes évoque la venue de l'Esprit sur les croyants : d'abord les apôtres et les disciples à Jérusalem (Ac 2:1-12) puis les croyants samaritains (Ac 8:14-17) et d'origine païenne (Ac 10:44-48). Il est donné pour équiper les chrétiens en vue du service et du témoignage ; selon la promesse de Pierre aux premiers croyants, il est donné à tous ceux qui croient en Jésus de quelque origine qu'ils soient (Ac 2:39).

Dans les Lettres de Paul, s'opère la distinction entre le fruit de l'Esprit (Gal 5:22-26) et ses dons (1 Co 12-14). La première expression concerne la transformation du caractère et du comportement du croyant, opérée en lui par la présence de l'Esprit de Dieu ; la seconde rend compte des qualifications spécifiques et diverses reçues par chaque chrétien pour le service des autres. On appelle aussi ces dons "charismes" : tous n'ont pas un caractère en apparence extraordinaire mais chacun est un don immérité de la grâce de Dieu plutôt qu'un dû, un produit de l'effort ou du mérite.

L'Evangile de Jean insiste sur les liens de communion que l'Esprit de Dieu tisse entre tous les croyants et entre chaque chrétien et le Christ : l'Esprit de Dieu est auprès de nous comme un avocat du Christ qui nous rappelle et nous fait comprendre qui il est et ce qu'il a dit (Jn 14-16).

Tous les auteurs du Nouveau Testament s'accordent pour dire que chaque chrétien a reçu l'Esprit de Dieu. Sans lui, nul ne peut dire que Jésus est Seigneur (1 Co 12:1-5). Ils restent par contre discrets sur la manière dont cet Esprit opère dans chaque vie. Dans son entretien avec Nicodème, Jésus le compare à un vent - le même mot désigne en hébreu et en grec l'esprit et le souffle - dont nul ne sait ni d'où il vient ni où il va (Jn 3:4-8). Seul le résultat de cette œuvre de l'Esprit, comparé à une nouvelle naissance est attestable.

Le baptême d'eau est le signe extérieur de cet autre baptême, intérieur celui-là, donné par l'Esprit de Dieu à celui qui croit en Jésus.

 Baptisé pour le pardon des péchés

 Tu es appelé à la sainteté

Chacun des Evangiles relate le ministère d’un singulier personnage connu sous le nom de Jean-Baptiste. Il est au commencement du Nouveau Testament une sorte de trait d’union avec la tradition prophétique de l’Ancien Testament et il représente l’attente du Messie par le peuple d’Israël. Il accompagne sa vigoureuse prédication d’un retour à Dieu de l’invitation à faire un geste public d’ablution en signe de repentance. Jésus lui-même se soumet à ce rite pour souligner son assimilation à l’humanité pécheresse.

Au début de leur ministère, Jésus et ses disciples peuvent apparaître comme de simples concurrents de Jean-Baptiste (Jn 4:1-2). Pourtant, les premiers chrétiens ne reconnaissent pas le baptême de Jean-Baptiste comme complet (Ac 18:25, 19:1-7). Reprenant une distinction mise par les évangélistes dans la bouche de Jean-Baptiste, Paul déclare aux disciples de Jean : «Jean donnait un baptême de conversion et il demandait au peuple de croire en celui qui viendrait après lui c’est-à-dire en Jésus» (Ac 19:4)

La prédication apostolique à l’instar de celle de Jean-Baptiste insiste sur le lien entre le baptême et le pardon des péchés (Ac 2:38). Mais il s’agit de renvoyer au pardon de Dieu attesté en la mort et la résurrection de Jésus. C’est Jésus et non le geste du baptême qui accomplit le pardon des péchés. Toutefois, le baptême n’est pas un brevet de sainteté.

Très tôt, les chrétiens se sont demandés si les péchés commis après le baptême pouvaient être pardonnés ; certains attendaient ainsi la proximité de la mort pour se faire baptiser par peur de perdre leur salut. La pratique de la confession, largement répandue dans l’église catholique, s’est élaborée à la fin de l’Antiquité comme un moyen de poursuivre la sanctification à laquelle invite le baptême.

Dans sa Lettre aux Romains, l’apôtre Paul associe baptême, pardon des péchés et sanctification d’une autre manière. Pour lui, le pardon de Dieu est une réalité irrévocable, un don gratuit accordé par la mort et la résurrection de Jésus. Par le baptême, le chrétien témoigne qu’il est au bénéfice de ce pardon qu’il ne peut gagner par aucune œuvre méritoire. En s’appuyant sur cette réalité démontrée par le baptême, le croyant doit décider de vivre de manière cohérente dans la liberté qui lui a été donnée et faire de la sainteté un choix de vie au quotidien. La sainteté n’est pas une pureté absolue, elle n’est pas réduite à un nombre de prescriptions à observer. Elle se résume à chercher à faire de l’amour du prochain la priorité absolue de toute décision, de tout geste, de toute parole et de tout silence.

Baptisé en un seul corps

Tu es membre du peuple de Dieu

La majorité des chrétiens considèrent le baptême d'eau comme la porte d'entrée dans le peuple de Dieu, à l'instar du rôle joué par la circoncision dans l'ancienne alliance. Dans les récits des Actes, les baptisés se joignent à la communauté existante ou deviennent les prémices d'une nouvelle communauté. Cette perspective n’est pas sans difficulté.

A travers l'histoire, ce qui aurait dû être signe d'unité est devenu facteur de division comme en témoigne la diversité des pratiques et des compréhensions du baptême. Des églises chrétiennes exclusives (Mormons ou Témoins de Jéhovah par exemple) considèrent comme seul valide le baptême conféré en leur sein. Les églises pédobaptistes (catholique, protestantes et orthodoxes) reconnaissent mutuellement leur baptême et ont diversifié leurs pratiques mais le dialogue qu'elles entretiennent avec les communautés qui baptisent exclusivement les adultes est encore tendu.

Les conflits portent sur les formes mais posent la question de la reconnaissance des églises. D'un extrême à l'autre, l'église prend le visage d'une cellule de militants ou d'un service public offrant des rites qui jalonnent la vie de consommateurs religieux, distanciés de la pratique mais en quête de sens. Ce qui est perçu par les uns comme un rebaptême inadmissible est vu par les autres comme le seul vrai baptême. Force est de constater que la grande majorité des baptisés est très éloignée de toute église chrétienne.

Pourtant, en énumérant sept fondements de l'unité des croyants, Paul cite le baptême (Eph 4:4-5) : il y a un seul baptême pour un seul corps. Est-ce bien d'un rite qu'il est question dans cette liste ? Lorsqu'il évoque le "baptême en un seul corps" en 1 Co 12, Paul parle du baptême de l'Esprit. Ce qui unit les chrétiens, c'est d'abord leur commune expérience de l'œuvre de l'Esprit de Dieu.

baptism_cc_harlemdakotaAu-delà des formes, celui qui demande le baptême ne peut oublier qu’il reçoit le signe extérieur d'une réalité intérieure qui l'unit à toutes celles et tous ceux qui croient en Jésus. Le baptême devient ainsi signe de reconnaissance entre les chrétiens.

Cette reconnaissance vaut pour les dimensions universelle et locale de l'Eglise. Une communauté chrétienne peut choisir d'être structurée par une uniformité de rite ou de ne pas trancher dogmatiquement sur sa pratique du baptême. La seconde option respecte la diversité des options baptismales et la démarche propre à chaque croyant dans le lien qu'il établit entre l'Evangile, l'expérience personnelle et le signe qui témoigne de l'un et l'autre.

Livret de préparation au baptême d'eau rédigé dans le cadre de l'Eglise Chrétienne Alliance de Lille, aujourd'hui dissoute

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Commentaires
T
Souvenirs, souvenirs ... lol<br /> <br /> Théo
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