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30 septembre 2007

Marc 1 : 14-20


                        


disciples300          La particularité de l’évangile de Marc, c’est la rapidité d’un récit qui enchaîne les paroles et les actions de Jésus les unes aux autres.

 Ceci est vrai dans ce texte fondé sur deux épisodes :

 * les débuts de la prédication de Jésus

 * l’appel des premiers disciples

 Ceci est vrai aussi par rapport à ce qui précède : l’évocation du ministère de Jean-Baptiste, le précurseur !

 Aussitôt dit, aussitôt fait : tel pourrait être le résumé de ce passage ! L’adverbe grec euthus - traduit par aussitôt que l’on retrouve deux fois dans notre passage et quarante-et-une fois dans tout l’évangile de Marc souligne autant la rapidité des actions que la logique de leur enchaînement !

 Aussitôt dit, aussitôt fait ou plutôt : aussitôt fait, aussitôt dit !

 Un prophète s’en est allé, un autre advient dont la parole est encore plus puissante, la prédication encore plus décapante ! Si Jean-Baptiste inscrivait son message sous le signe de la préparation et de l’attente, Jésus fait sa proclamation dans l’instant !

 Elle tient en quatre thèmes : deux déclarations et deux invitations !

 Première déclaration ! « Le temps est accompli ! » :Il y a, dans le Nouveau Testament, plusieurs mots pour désigner le temps : celui dont il est question ici n’est pas ce temps qui s’écoule vide de tout sens ni celui qui répète à l’infini son cycle mais le kairos, c’est-à-dire le moment particulier de la faveur et de l’action de Dieu. Cette première déclaration peut nous heurter : nous préférons souvent l’incertitude qui ouvre tous les possibles ou la routine qui, sans surprise, nous accompagne et nous procure l’illusion. Cette première déclaration nous dit simplement que notre histoire, et dans cette histoire nos vies, ne sont pas livrées au hasard de la chronologie mais exposées à l’irruption de la bonté de Dieu qui leur donne sens.

 Deuxième déclaration ! « Le royaume de Dieu s’est approché » : ce qui fait irruption dans ce temps n’est rien moins que le règne de Dieu – entendez son autorité. Ne nous y trompons pas : il ne s’agit ici ni d’une domination tyrannique, ni d’une débauche d’effets spéciaux, il ne s’agit ici de rien qui emprisonne le libre-arbitre ou frappe les regards ! Mais seulement de cette bonne – et joyeuse – nouvelle que le temps de Noël nous a rappelé de façon singulière et que ce temps de l’année liturgique dit ordinaire n’annule absolument pas : dans sa bonté, Dieu a fait vers nous les premiers pas.

 Première invitation ! « Convertissez-vous » : voilà une interpellation qui nous prend les uns et les autres à rebrousse-poil ! Les plus pieux d’entre nous diront qu’il ne nous appartient de nous convertir et qu’à l’Esprit de Dieu seul appartient le pouvoir de transformer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. Soit ! Ce qui advient ici, c’est l’urgence de la transcription pratique de ce que nous savons. Certes, c’est la bonté de Dieu qui nous touche et nous pousse à la conversion ; ce qui signifie que ni nos peurs ni même les circonstances de la vie qui peuvent conférer à nos expériences spirituelles un zèle amer n’ont à le faire ! ce qui signifie aussi que c’est à chacun et chacune d’entre nous qu’il appartient de changer notre manière de penser, de voir le monde et d’y vivre, d’accepter d’être retournés, bouleversés, transformés par la bonté de Dieu !

             Deuxième invitation ! « Croyez en la Bonne Nouvelle». C’est par cette expression que Marc introduisait le récit que nous venons de lire. Qu’est-ce qui fait de cette annonce de temps accompli, de royaume inauguré et d’appel à la conversion une bonne nouvelle ? Une même référence à un thème qui traverse tout l’évangile de Marc dans la précipitation des paroles et des gestes de Jésus : Dieu est bon ! Ce message est bon – c’est d’ailleurs le sens du mot euangelion - car il vient de la bonté de Dieu, car il dit la bonté de Dieu, son irruption dans notre temps, sa sollicitude et sa prévenance, sa puissance transformatrice !

 Trop beau et certainement utopique me dira-t-on ! C’est précisément là où notre foi est sollicitée ; là où nous sommes invités à donner notre confiance à un message qui nous parle d’un Dieu différent de tous ceux que pourrions ou voudrions imaginer – ne serait-ce que pour rejeter l’idée même de Dieu : le Dieu dont il est ici question est un Dieu proche et non un lointain despote ou un organisateur qui s’est retiré de l’univers ; un Dieu qui vient à nous dans sa grâce et non une divinité qu’il nous faudrait amadouer pour tenter de l’approcher, à coups de mérites ; un Dieu qui vient changer nos vies et non nous inviter à les subir en attendant des jours meilleurs ; un Dieu qui se révèle dans la proximité, la sollicitude, la parole et les gestes transformateurs d’un homme comme nous : Jésus de Nazareth !

         C’est vers Jésus que pointent les quatre thèmes de la prédication inaugurale : il vient dans notre histoire humaine, il manifeste la bienveillante autorité de Dieu contre toutes les puissances de la mort, il transforme le vie de celles et ceux qui acceptent de s’exposer et de répondre à son appel, il est le cœur de la Bonne Nouvelle… L’évangéliste aurait simplement pu mettre dans la bouche de Jésus cette seule invitation : « Croyez en moi » ! Mais tout son récit est structuré, en dépit de sa rapidité, sur un mystère qui peu à peu s’élucide : le sens de la mission et l’identité de ce prophète aux paroles si étonnantes !

 Et cela vaut en effet la peine d’en redécouvrir l’étrangeté voire l’impertinence pour nous laisser à nouveau rejoindre et bouleverser par elles quelque 2000 ans plus tard ! Il vaut aussi d’oser aussi nous demander si le temps qui nous occupe, si le(s) royaume(s) que nous cherchons, les changements auxquels nous consentons, les bonnes nouvelles que nous espérons nous renvoient toujours à la personne de Jésus ! Si tel n’est pas le cas, nous risquons fort de nous égarer.

 Aussitôt dit, aussitôt fait ! Dès le départ, quelques personnes se trouvent associées à ce mystère : Simon, André, Jacques et Jean … : de simples pêcheurs dont la vocation n’est pas forcément reniée – ils vont bien continuer à pêcher - mais dont l’existence se voit complètement bouleversée ! « Venez à moi et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ! » : voici une invitation et une promesse qui s’ancrent à la fois dans le quotidien de ces hommes et dans la radicale nouveauté de vie qu’implique l’Evangile.

 Aussitôt dit, aussitôt fait ! Le texte ne nous dit rien des raisons de leur élection ni de leurs perplexités ou de leurs questions ; il ne fait que souligner leur obéissance à l’appel reçu de Jésus en les entraînant dans la même rapidité de la narration. Il ne s’agit donc pas pour eux de tout comprendre mais de répondre à l’appel de Jésus et à entrer dans son mystère. Evidemment, ni ce texte ni ma méditation ne font l’apologie d’une confiance aveugle ou d’une foi qui ferait taire toute réflexion. Ce qui est ici présenté, c’est le début du cheminement d’hommes qui choisissent de se placer comme dit le texte «derrière Jésus» et de voir leurs questions et leurs réponses éclairées par sa personne et par l’invitation qui leur est faite de travailler avec lui.

          Nous n’avons peut-être jamais entendu un appel aussi radical. Mais ne nous méprenons pas ! L’appel spécifique de ces quatre disciples naît, comme l’indique la rapidité du récit, dans le prolongement d’un message adressé à tou(te)s et il éclaire ce cheminement qui nous (a) fait et continue à nous faire souvent passer de l’écoute attentive des promesses et des exigences de Dieu au désir de les voir s’inscrire au plus profond de nos vies ! C’est à ce moment là, quand nous pouvons enfin les recevoir comme une invitation particulière, qui va affecter notre quotidien que pour nous se manifeste le temps de la bonté de Dieu ! qu’en nos vies advient le règne de Dieu ! que nos demi-tours ne nous conduisent pas vers des impasses mais vers une vie renouvelée ! que nous devenons tout à la fois auditeurs et témoins de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour toute l’humanité cad de toi et de moi, de chacun et chacune d’entre nous et de chacun et chacune des vies que nous croisons !

 Dieu fidèle qui viens me visiter, ne permets-pas que je m’installe confortablement dans la routine du temps ou que je me croie à la merci de son absurdité : viens le remplir de ta présence et que j’y reconnaisse l’irruption de ta bonté ! Dieu de grâce qui t’approches de moi, donne-moi de rechercher toujours plus et toujours mieux ta présence ! Dieu mystérieux des bouleversements, retourne ma vie par ta bonté ! Dieu de l’Evangile, accorde-moi de saisir avec joie et avec confiance ton amour inconditionnel pour moi et l’humanité tout entière ! Dieu qui m’invites au témoignage, apprends-moi au jour le jour comment te suivre et te servir. Amen.

 Jean Vilbas, méditation apportée à l'Eglise Réformée de Maubeuge le 22 janvier 2007

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Commentaires
P
Merci pour les réflexion de qualité que tu nous proposes.<br /> <br /> Comme quoi le message de Jésus est une bonne nouvelle pour tous le monde.<br /> <br /> a+
B
c'est vraiment cela que j'aime dans une spiritualité évangélique c'est cet "aujourd'hui" qui peut nous saisir, nous réveiller d'aussi loin que nous pouvons nous tenir..c'est cette attention à l'instant présent pour en faire l'instant du Créateur.<br /> ..et quand l'aujourd'hui n'interdit ni la réflexion ni la nuance..quelle petite merveille!<br /> Merci Jean
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