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20 août 2007

1 Jean 4 : 7-21

C'est demain le troisième anniversaire du baptême de T. sur profession de sa foi ; voici la méditation apportée à l'occasion de son baptême et de son accueil comme membre au sein d'une communauté chrétienne aujourd'hui dissoute.

baptism2Cher T.,

 Tu as aujourd’hui choisi de rendre publiquement témoignage de ta foi et tu as souhaité que les paroles de cette lettre attribuée à Jean accompagnent ta démarche.

 On sait peu de choses sur l’auteur, les destinataires ou les circonstances particulières de l’ensemble de lettres attribuées à l’Ancien. Elles brossent le portrait d’une église mise sous pression : pression extérieure de nouveaux enseignements qui risquent de détourner les croyants de l’essentiel ; pression interne aussi de l’affadissement de la foi et des conflits qui minent la vie d’une communauté chrétienne – mais ceci ne concerne que le premier siècle, bien entendu !

 C’est une constante de la lettre de mêler les argumentations doctrinales et les considérations pratiques comme pour rappeler : c’est à la manière dont le christianisme est vécu que la pertinence de ses affirmations est évaluée.

 Dans les versets que nous venons de lire, l’auteur livre en quelque sorte la clé de son discours. La richesse de ces raisonnements peut se résumer en deux déclarations :

    l’amour est ce que Dieu nous révèle de lui-même

          l’amour que nous nous portons révèle en quel Dieu nous croyons

 « Dieu est amour » : cette déclaration revient à deux reprises dans ce texte (v.8 et v.16). Définition brève, simple, qui tranche avec des formulations doctrinales plus élaborées. Nous pouvons rester avec beaucoup de questions sur tous les autres enseignements au sujet de Dieu : son rôle dans la création, son rôle dans l’histoire, sa souveraineté, sa puissance, sa prescience … Rien de tout cela ne rencontre de notre part une parfaite et entière unanimité voire compréhension mais l’essentiel demeure de connaître l’amour de Dieu.

 Comment cet amour peut-il être connu ? Jean invite à regarder à Jésus de Nazareth … et il concentre son histoire à la croix. Un certain film très sanguinolent voudrait que nous lisions la croix exclusivement comme une souffrance … évidemment, elle l’a été mais elle reste avant tout témoignage d’un amour qui se donne jusqu’au bout, jusqu’à son extrême limite. Dire Dieu est amour soulève autant de questions que cela n’en résout : impossible de réconcilier cette déclaration avec le mal et le malheur dont nulle existence n’est à l’abri … Mais il faut choisir de regarder l’amour de Dieu là où il se donne à voir c’est-à-dire à la croix.

 L’amour de Dieu est le fondement, l’exemple et la source de notre propre amour. Il est impossible sans l’amour de Dieu auquel il n’est qu’une réponse seconde et en même temps, il en est la seule conséquence logique attestable. L’amour ne se possède pas, ne s’évalue pas … il se reçoit et se donne et se multiplie dans ce fructueux échange. C’est pourquoi il est juste de parler avec Lytta Basset de la condition de l’homme sans Dieu comme d’une fermeture à l’amour. Là où il n’est pas d’amour, il n’est pas de Dieu – et peut-être que là où il y a de l’amour, il y a déjà Dieu même si on ne peut encore le nommer. Mais pour qui accepte d’ouvrir sa porte, la puissance de l’amour de Dieu est telle que même la peur peut être vaincue. Dieu n’est plus celui dont je crains le jugement mais celui dont je découvre l’amour inconditionnel et gratuit. Cette gratuité n’est ni complaisante ni écrasante : elle a un coût – celui de la croix – et invite chacun au don de soi.

 L’auteur attache beaucoup d’importance aux relations mutuelles des chrétiens. On aurait pu attendre dans cette lettre polémique un plus long développement doctrinal mais on trouve martelée cette seule exigence : aimons-nous les uns les autres ! La marque de l’église n’est pas d’abord d’être une, sainte, universelle et apostolique mais d’être une communauté aimante ( « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples … ) ; le vrai trésor d’une église n’est pas d’abord dans ses traditions, ses doctrines, ses liturgies mais dans l’amour mutuel. Ceci n’abolit pas forcément les autres choses mais les replace dans leur juste perspective : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » ; Jésus, guérissant le jour du sabbat, démontre que nulle tradition ne saurait entrer en concurrence avec le choix qu’il effectue en faveur de l’humain.

 La force de cet amour mutuel, c’est qu’il révèle Dieu … lourde et peut être écrasante responsabilité si ce n’est que Dieu en est lui-même le garant et la source. Le manque flagrant d’amour des chrétiens a certainement été une des raisons de l’éloignement de beaucoup non seulement des formes et des pratiques mais aussi de l’essentiel du christianisme. Ecrasante responsabilité … ou éloquent témoignage de la confiance que Dieu place en nous pour faire de nos relations le signe voire le canal de son propre amour.

 L’auteur ne cesse de renvoyer ses lecteurs vers leur responsabilité pratique, concrète, vers la traduction sur le terrain de leur amour. Il n’y a pas d’autre critère de l’amour authentique que le prochain lui-même. C’est pour cela que Jean lui donne une communauté humaine pour cadre véritable.

 J’en viens à ton baptême, cher T.

 Puisque tu as choisi ce texte, c’est parce que tu y reconnais le christianisme auquel tu as depuis de nombreuses années déjà adhéré. Dieu t’aime : cela, tu le sais et vivre de cet amour, c’est le chemin sur lequel tu veux t’engager. Ton témoignage nous le disait tout à l’heure. J’aimerais juste reprendre deux traits saillants de cette conviction pour toi.

 Première conviction. Dieu t’aime … et il t’aime dans tout ce que tu es : tu l’as découvert à travers le long cheminement vers l’acceptation de ton homosexualité – pas comme le centre de ton existence mais comme un des éléments qui te caractérise. L’auteur de la lettre insiste sur la venue de Jésus dans la chair : certes il y est mort comme nous mais il y a aussi vécu. Alors, pour nous chrétiens, s’ouvre cette certitude : il y a bel et bien une vie avant la mort et elle vaut d’être vécue, pleinement vécue parce qu’elle a été habitée par le Fils de Dieu lui-même. Oui, tu peux aimer la vie : c’est-à-dire la nature, les lapins, les visites d’églises … tu connais la suite de la liste. Nul besoin d’un Jésus gay pour vivre ce que tu es ; il suffit de voir en Jésus celui qui nous dit que la vie, quand elle est orientée par le Royaume, vaut d’être pleinement aimée et vécue parce qu’elle est le lieu où advient le règne de Dieu.

 Deuxième conviction : tu as beaucoup attaché à ton baptême l’idée d’une adhésion à la famille chrétienne. La liturgie d’accueil de ce soir le redira encore. Tu as beaucoup cherché – merci Internet – quelle famille concrète pourrait t’accueillir et nous sommes heureux que tu aies choisi cette communauté. L’image de l’église-famille est belle ; elle me rappelle ma visite estivale à l’église baptiste de Centocelle, dans la banlieue de Rome : elle rassemblait plusieurs personnes ayant été élevées dans un orphelinat géré par l’église et, trente ans plus tard, ces frères et sœurs ont gardé la coutume de partager le repas du dimanche comme une véritable famille.

 J’espère que tu te sentiras accueilli parmi nous, que tu chemineras longtemps avec nous – car tu es à l’âge où il reste encore bien des décisions à prendre – et que nous apprendrons les uns avec les autres et avec toi à être les uns pour les autres une famille aimante de personnes qui ne se sont pas choisies mais ont choisi de vivre ensemble de l’amour de Dieu.

 Que le Seigneur, fidèle ami, t’accompagne en ce jour et tous les jours de ta vie. Amen !

 Jean Vilbas, méditation apportée lors d’un service de baptême et d'accueil au sein de l'Eglise chrétienne Alliance, le 22 août 2004

 




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Commentaires
J
3 ans à peine ?<br /> Théo, je suis fier de te connaitre !
T
Quel formidable souvenir! Ca me fait du bien de relire ce texte, car il me ramène toujours à nouveau à l'essentiel de ma foi lorsque je me disperse. Amen!<br /> <br /> Théo
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