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29 juillet 2007

Romains 6 : 12-23

180px_Paul_de_tarse_rembrandtNB : Cette méditation sur le péché n'implique aucun jugement négatif sur l'homosexualité, l'accepation de cette orientation  comme un don de Dieu et le choix de la vivre de manière responsable.

Au terme de sa magistrale étude sur l’amour gratuit, inconditionnel et réconciliateur de Dieu, Paul aborde la plus délicate question du péché .

Péché !!!

Le mot fait peur mais ne nous y trompons pas : il ne s’agit aucunement pour Paul de moraliser ou de culpabiliser, il ne s’agit nullement pour lui d’effacer la clarté des affirmations préalablement posées ou de se retrancher dans un discours rassurant de peur d’être allé trop loin en annonçant le message de la grâce.

Peut-être nous faut-il revenir au sens du mot péché. On cerne bien dans l’Ecriture l’idée d’une transgression de la volonté de Dieu. Chez Paul, le terme prend une acception à la fois plus large et plus précise. Plus large car le péché implique, au-delà des actes repérables, la totalité de l’être ; plus précise car Paul revient à la cause véritable de toute transgression à savoir l’absence de relation à Dieu ou comme dit la théologienne suisse Lytta Basset la « fermeture à l’amour ». Une fermeture qui ne peut être vaincue paradoxalement que par l’amour lui-même.

Parler du péché n’implique pas de renoncer à la radicalité de ce qui a été affirmé au sujet de l’amour de Dieu. Bien au contraire !!! L’argumentaire de Paul repose précisément sur la reconnaissance de cet amour gratuit de Dieu et de ses effets pour le croyant : comme il l’écrit plus haut, le croyant est uni à Jésus-Christ et rendu participant de la vie nouvelle qu’il offre ; c’est à ce titre seul qu’il est appelé à se considérer comme « mort au péché ». A l’illogique de la grâce qui dépasse tous nos calculs répond cette logique du service chrétien. Avouons que nous sommes parfois beaucoup plus tentés par l’exact inverse c’est-à-dire une faveur de Dieu qui se marchande et un minimum d’effets et de responsabilités mais n’oublions pas que la grâce de Dieu nous accompagne aussi dans ces contradictions-là !

Paul tire de cet argument deux conséquences pour la vie du croyant.

La vie oui, c’est bien d’elle qu’il est question dans ce qu’elle a de plus banal, de plus ordinaire, de plus quotidien parce qu’il n’est pas d’autre lieu où advienne l’Evangile – à moins de rester lettre morte.

La première conséquence est négative : elle se fonde sur la radicale nouveauté de la vie offerte en Jésus-Christ pour inviter à la rupture avec le péché « le péché ne doit dc plus régner sur vous ». A noter que Paul associe l’interpellation directe à l’invitation à la cohérence : « ne mettez plus les parties de votre corps au service du péché». Une part de responsabilité nous revient.

Cette même invitation à la liberté se retrouve ds la deuxième conséquence , positive celle-là : « mettez-vous au service de la justice ». Il renvoie ici aux œuvres bonnes dont la pratique est à la fois conséquence et signe du salut gratuitement reçu. Là encore la grâce nous invite et nous incite à la responsabilité.

Je qualifierais de lucide cette vision du péché proposée par Paul .

Nul optimisme quant à sa totale éradication en dépit de ce que l’emploi de certaines formules-chocs pourrait nous laisser croire : le péché existe en nous et autour de nous. Point n’est besoin pour autant de se livrer à un total dénigrement du monde ou à une introspection maladive. Cette lucidité suffit.

Nul pessimisme non plus dans l’invitation qui est faite au croyant de marcher en nouveauté de vie. Si le péché se mêle à la vie du croyant, il n’est pas non plus une fatalité face à laquelle celui-ci est livré seul, sans merci.

Il serait vain de chercher à circonscrire le péché : le corps et les membres sur lesquels il règne comme le dit Paul ne sont pas son lieu contrairement à ce que toutes les ascèses voudraient laisser croire ! Le péché n’y règne que par usurpation si j’ose dire car ces mêmes corps, ces mêmes membres sont aussi et d’abord dans la logique de Dieu le lieu de notre service de Dieu et du prochain (cf « mettez vous tout entiers… »), les instruments que, selon le vocabulaire de Paul, nous pouvons mettre à la disposition de ce qui est juste.

Se mettre à la disposition, c’est faire acte de liberté et ce n’est rien d’autre que cette liberté qui fonde les recommandations de Paul à ses lecteurs.

Pour évoquer cette liberté, Paul use paradoxalement de l’image de l’esclavage – image qui n’a malheureusement rien perdu de sa pertinence aujourd’hui même si les réalités économiques de l’esclavage nous paraissent lointaines.

Il oppose deux types d’esclavage, reconnaissant d’ailleurs l’imperfection de l’image.

Le premier est sans appel ! C’est la rude condition qui s’impose à ceux qui se sont laissés entraîner sur la pente glissante de leurs fragilités ou de leurs failles. Pécher n’est pas faire l’expérience de notre liberté et de ses infinies possibilités mais c’est entrer dans la servitude qui n’a de volontaire que ses premiers instants.

Le second esclavage est quant à lui tout entier volontaire. Il ne repose pas sur la séduction et l’asservissement ; Paul y associe au contraire un enseignement nouveau à recevoir – celui de l’Evangile – et un acte libérateur initial et fondamental. Le chrétien peut se mettre au service de la justice parce qu’informé de ce qu’elle est, il a envie de la pratiquer et parce qu’il a reçu comme un cadeau de Dieu la liberté de le faire.

Dans la dernière partie de ce passage, Paul envisage enfin le péché dans ses conséquences ; c’est aux mondes des échanges économiques et de la nature qu’il emprunte cette fois ses images.

Le passage s’éclaire par le dernier verset fondé sur l’opposition salaire/grâce. On voit mieux ici quel décalage existe entre la logique froide des effets du péché (« le salaire du péché c’est la mort ») et l’illogique de la grâce (« le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle »). Point de départ me direz-vous ! Certes mais aussi horizon : rien d’autre que l’amour de Dieu ne nous libère, rien d’autre que l’amour de Dieu ne nous lie à lui, rien d’autre que l’amour de Dieu vécu dans tte sa plénitude ne nous est promis.

Mais il est aussi question du fruit c’est-à-dire du développement de nos choix, de nos services ou de nos servitudes, de nos priorités et de nos disponibilités. Un seul de ces fruits demeure – celui qu’il appelle sanctification - et si dans la pratique de nos vies ils peuvent se manifester tous deux, Paul rappelle avec force que leur coexistence paisible n’est pas possible comme l’appartenance à deux maîtres n’est pas plus possible.

De qui donc dépend la croissance de notre vie spirituelle et notre mort au péché ? Indiscutablement du Dieu qui nous a aimés, gratuitement accueillis en sa faveur, rendus libres … Il est celui qui fait naître la foi et la mène à la perfection ; il est celui qui crée en nous le vouloir et le faire. Et pourtant, c’est à nous qu’il appartient de comprendre cet amour, de vivre de cette liberté. Les deux images du don – extérieur à nous-mêmes – et du fruit ne sauraient s’exclure. 

Il est une expression sur laquelle j’aimerais terminer : au cœur de son développement argumentatif, à côté des invitations à la cohérence et des questions rhétoriques, au-delà de l’évocation de nos expériences humaines traversées de contradictions, Paul s’exclame : « Rendons grâces à Dieu ! » : cet impératif vient interrompre un développement logique. Cette exclamation pointe la louange comme source véritable de la vie chrétienne ; c’est par notre faculté à nous émerveiller de ce que Dieu a fait et fera pour nous, c’est par notre capacité à lui dire merci pour qui il est, c’est par notre joyeuse reconnaissance qu’il nous est possible de comprendre tout ce qu’il a accompli pour nous en Jésus et aussi de vivre en cohérence avec cela comme nous y invite le texte de ce matin. Alors nous pourrons comme nous y invite le poète « inventer la liberté »

Amen

Jean Vilbas, méditation apportée à l'Eglise Réformée de Maubeuge le 26 juin 2005

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Commentaires
A
It was interesring God Bless all of you <br /> alia nour
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